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Encore une fois, oui au vote Mélenchon... Et ensuite ?

Après la publication de mon papier « Je voterai Mélenchon », une discussion commence à s’engager sur notre site « la sociale ». Cela est d’autant plus positif que les questions abordées dépassent le simple choix électoral.

Par Jacques Cotta • Actualités • Jeudi 12/04/2012 • 0 commentaires  • Lu 2017 fois • Version imprimable


Il s’agit en fait d’apprécier les arguments pour définir une trajectoire à suivre dans les temps qui viennent, d’autant que la situation qui sera issue des élections présidentielles et législatives risque fort, quels que soient les résultats, d’être agitée.
Pierre Delvaux a publié un point de vue dans un papier dont le titre résume assez bien le contenu qu’il désire y donner : « L'escroquerie Mélenchon ».

Avant de revenir sur quelques points développés dans ce papier, j’invite dans la discussion à rester sur les arguments mis en avant et non sur des interprétations qui pourraient souvent nous entraîner sur des voies détournées.

On peut lire :

« En présentant un programme euro-compatible, lui (JLM) et ses amis vont, au premier tour, servir de sas à ceux qui avaient voté NON pour soutenir Hollande au deuxième tour ».
D’un simple point de vue électoral, cette affirmation est sans doute vraie. Mais où est le problème ? Pensant que rien ne doit se mettre en travers de la défaite de Nicolas Sarkozy au second tour, je pense qu’il est non seulement vraisemblable, mais de plus souhaitable que le vote JLM se reporte sur Hollande le plus massivement possible au second tour.
Comme je l’indique dans mon papier précédent « Je voterai Mélenchon » la question n’est pas celle du programme de hollande ou du PS. Nous avons écrit sur ce site suffisamment sur la question pour qu’il n’y ait aucune ambigüité. A supposer que les programmes de Hollande et de Sarkozy soient identiques, la question qui se pose est la suivante : le candidat du PS une fois élu aura-t-il la même latitude selon qu’au premier tour des millions auront voté pour les positions affirmées par le front de gauche –sur lesquelles je reviendrai plus loin- qui aussi limitées peuvent-elles paraitre, affirment une rupture sur quelques points essentiels ?
Ce qui compte, ce ne sont ni les promesses, ni les attentes. Ni Dieu, ni sauveur suprême, voila ce que nous pouvons affirmer et en conséquence nous ne pouvons nous en remettre à qui que ce soit pour écrire notre histoire. Ce sont les forces sociales qui comptent. Et elles ne seront pas en situation identique selon que Hollande ou Sarkozy l’emporte. Et pas en situation identique selon que le premier tour aura affirmé quelques positions de classe –même minimum- sur lesquelles se seront regroupés des millions…
On peut lire aussi :
« François Hollande aura à cœur d'avoir quelques cautions ouvrières dans son gouvernement comme, en son temps, le fit Mitterrand avec ses ministres PCF ».
Peut-être, peut-être pas… Nul ne sait si en fonction d’une situation qui peut tourner à la grecque, la défense du système passera par un bloc gouvernemental, par un soutien critique de l’extérieur, par … Mais une fois encore, est-ce notre point de départ ? Les millions qui peuvent voter pour JLM au premier tour, quelle que soit son attitude ensuite comme celle de ses alliés communistes, le font non pour passer par pertes et profits leurs aspirations, mais bien pour les défendre. La centralisation sur le terrain électoral est un appel à l’expression sur celui de la lutte des classes. Ce n’est pas l’intention bonne ou mauvaise de quelque chef que ce soit qui compte, mais les forces sociales en présence… D’ailleurs, les responsables du front de gauche feraient bien de prendre garde. Ils sont pour l’instant dépassés par ce qu’ils ont entrepris et il n’existe pas plus en eux d’illusion qu’en qui que ce soit d’autre. Nous ne sommes plus en 81. S’ils devaient tourner le dos demain aux aspirations qui sont celles des millions qui cherchent une voie, ils seraient balayés comme d’autres l’ont déjà été…
On peut lire :
« Et vu le contenu du programme du Front de Gauche, le mixage avec celui du PS sera aisément négociable pour les futurs ministres "insurrectionnels" »…
Je ne veux pas là entrer dans le détail des arguments mis en avant…Je suis d’accord avec certains et en trouve d’autres fort limités. Par exemple sur la souveraineté, je pense qu’il ne faut pas mésestimer l’opposition au MES, au traité Sarkozy Merckel, l’engagement à un référendum, donc à un large débat dans le pays sur le fond politique, comme la volonté affichée d’une constituante souveraine et d’une sixième république. Une fois encore le vote de millions sur ces questions ne peut être considéré comme annexe… Pour autant tout est-il réglé ? Evidemment non.
Et ce n’est pas parce qu’il faut considérer à sa juste valeur la position sur le MES ou le traité Sarkozy Merckel qu’il faut se cacher les yeux sur les faiblesses, voire les erreurs actuelles du Front de Gauche sur la question européenne.
Sur la question de l’Europe, sur l’Europe des nations, sur la souveraineté des peuples et ce que cela signifie d’un point de vue institutionnel, il faut convaincre. Mais l’absence de positions conformes sur ces questions de la part du front de gauche ne peut faire obstacle au pas en avant accompli sur les traités et sur le MES. A moins de considérer que seuls ceux qui disent à la virgule prés comme nous peuvent prétendre à notre soutien…
Sur toutes les questions il en est ainsi. L’euro par exemple. C’est dans le monde politique de « gauche »le plus critique une bouillie innommable. Il faut donc débattre. Quelle position pour reconquérir notre souveraineté financière et monétaire ? La sortie pure est simple est-elle un chemin empruntable ? Ou le maintien d’une monnaie commune pour les échanges internationaux avec le rétablissement des monnaies nationales permettant une maitrise via les banques centrales…
Et sur la question du travail ? Je ne développerai pas. Dans mon dernier livre, « Un CDD sinon rien » j’argumente notamment mon opposition aux conceptions liquidatrices qui sont celles de la CGT et de la CFDT derrière la « sécurité sociale professionnelle » ou « l’aménagement tout au long de la vie ». Mais comment prendre le problème pour convaincre ? Par l’idéologie ou par la bataille concrète pour le maintien des emplois, des CDI, des métiers….
Je rappelle ce que j’indiquais dans mon papier :
« Evidemment la situation qui s’ouvrira au lendemain du 22 avril et du 6 mai posera des responsabilités nouvelles à tous ceux qui auront brigué nos suffrages, et notamment au front de gauche. Restera à répondre à quelques questions de fond, dont notamment :
-> l’ouverture pour permettre de dépasser le cartel d’organisation et donner lieu à la création d’un véritable parti, susceptible d’accueillir en son sein ceux qui aujourd’hui sont attirés par la campagne menée, mais qui ne se reconnaissent précisément dans aucune de ses composantes…
-> la question européenne pour mettre en adéquation la volonté de rétablir notre souveraineté et le combat spécifique pour une Europe des nations libres et souveraines, ce qui suppose que soient sérieusement repensée la vision d’ensemble »…
-> la question de l’euro qui aujourd’hui est un carcan contre les peuples…
Et quelques autres qui demandent de dépasser la pétition de principe. Mais en attendant, pour battre Nicolas Sarkozy et créer les conditions politiques les moins défavorables au lendemain des élections, je voterai donc pour Jean Luc Mélenchon ».
A ces questions, une autre plus spécifique se pose à nous : quelle place voulons-nous prendre ? Que pouvons-nous apporter ? N’est-il pas clair que l’art de la politique est celui des alliances, des compromis, des débats démocratiques, des arguments pour convaincre, des capacités d’avancer… Comment nous emparer de cet art dans les semaines qui viennent ? Avec d’ailleurs une autre question dont la réponse nous échappe : quelle place les tenants de la gauche, de partis, d’associations, sont-ils prêts à faire pour une avancée collective qui dépasse les frontières actuelles des organisations et ouvre une perspective aux milliers qui cherchent et qui pour le moment ne trouvent pas ?

Jacques cotta
Le 11 avril

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